Depuis que le tabou se lève sur les menstruations des femmes, tout un nouveau monde est porté à notre regard : celui des troubles et déséquilibres menstruels. On entend enfin parler de syndrome prémenstruel, de trouble dysphorique prémenstruel, d’endométriose, de syndrome des ovaires polykystiques, et bien d’autres. Cela permet aux femmes bien souvent de mettre un mot sur leurs maux, de se sentir moins seules et d’entamer un parcours de soin. Ces diagnostics sont posés par un.e professionnel.le de santé, malgré parfois quelques années d’errance médicale malheureusement tant ces maux sont encore trop méconnus.
Je vous propose aujourd’hui de parcourir le syndrome prémenstruel pour vous aider à identifier si vous en souffrez, et si c’est le cas, le soulager naturellement.
Un article de Marion Pezard, naturopathe et productrice du Podcast Healthyliving
Qu’est-ce que le SPM ?
Le syndrome prémenstruel, appelé couramment SPM regroupe plus de 200 symptômes apparaissant pendant les jours précédant les règles mais pouvant s’étendre parfois sur plusieurs semaines pour certaines femmes. Au programme des réjouissances : troubles de l’humeur, irritabilité, fatigue, maux de tête, pulsions alimentaires, troubles digestifs, troubles cutanés, rétention d’eau etc.
Il est à noter qu’il existe aussi chez certaines femmes un syndrome pré-ovulatoire ou SPO qui leur font ressentir certains de ces symptômes au moment de leur ovulation et qui a encore d’autres causes à explorer.
Les différents types de SPM
Différents types de SPM ont été identifiés, permettant de préciser les symptômes et ressentis de chaque femme.
- SPM - A : anxiété, irritabilité, insomnies
- SPM - C : pulsions sucrées, maux de tête, palpitations, transpiration accentuée
- SPM - D : déprime, dépression
- SPM - H : rétention d'eau, tensions dans le bas-ventre et les seins.
Bien entendu, il n’est pas rare que l’on se reconnaisse dans plusieurs de ces catégories.
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SPM sans problème
Et si c’était le TDPM ?
Parfois, ce fameux SPM semble extrêmement présent et s’accompagne d’un volet très axé sur l’équilibre mental et émotionnel avec des symptômes de dépression passagère qui s’apaise lorsque les règles arrivent. On parle alors de trouble dysphorique prémenstruel, ou TDPM, et il est possible pour cela de se faire suivre de manière plus poussée par des professionnel.le.s de santé qui y sont sensibilisé.e.s et de s’aider par leur intermédiaire de traitements allopathiques si besoin.
Les causes profondes du SPM
Pour apaiser durablement son syndrome prémenstruel, il est primordial d’en comprendre la cause profonde. Celle-ci est hormonale et signe un déséquilibre entre les deux hormones phares du cycle menstruel : les œstrogènes et la progestérone.
En effet, les œstrogènes qui croissent tout au long de la phase pré-ovulatoire jusqu’à déclencher, par activation d’un pic de LH, l’ovulation vont ensuite laisser place à la progestérone qui sera maitresse à bord pour la partie post-ovulatoire.
Le SPM apparaît lorsque la progestérone est en manque absolu ou relatif.
Plusieurs causes peuvent mener à ce déséquilibre, elles sont souvent imbriquées les unes avec les autres et demandent donc une prise en charge globale de l’hygiène de vie et de l’équilibre de chaque femme.
La piste digestive
Le système digestif est étroitement lié à l’équilibre hormonal car c’est à lui que revient la tâche d’éliminer les hormones qui ne sont plus utiles dans le corps. Par exemple, après l’ovulation, les œstrogènes vont devoir être éliminés après avoir atteint leur sommet. C’est alors le foie qui va les dégrader en métabolites puis les éliminer du corps via les selles. Or si la barrière intestinale est endommagée (on parle du fameux leaky gut syndrom) ou si le transit est ralenti, ces métabolites vont être réactivés et réintégrer la circulation sanguine. Il y aura alors une imprégnation en œstrogènes excessive relativement à la progestérone qui sera en infériorité relative.
La piste du stress
Nos modes de vie actuels ont tendance à être très stressants et à mettre notre corps dans un mode survie qui aura pour effet de ne privilégier que les fonctions vitales de notre corps. On le sait bien, le cycle menstruel a pour finalité la reproduction, or les fonctions reproductives n’étant pas vitales elles auront tendance à passer au second plan.
Cela joue d’autant plus sur la progestérone, hormone du post-ovulatoire et de la grossesse, qui a la même source de fabrication appelée prégnénolone que le cortisol, hormone du stress. En cas de stress important, toute cette matière première ira au cortisol, qui est vital et pénalisera la production de progestérone qui n’est quant à elle pas vitale.
La piste de la dysovulation
Enfin, il arrive que l’ovulation ne soit pas optimale et qu’elle impacte la partie post-ovulatoire, la production de progestérone et donc entraine un SPM.
En effet, pendant la 1e partir du cycle, un follicule qui entoure l’ovocyte va maturer jusqu’à ce que l’ovulation se déclenche. Une fois l’ovocyte expulsé, un résidu de ce follicule restera dans l’ovaire et formera ce que l’on appelle le corps jaune. C’est lui qui aura pour fonction de produire de la progestérone.
On comprend donc que si le follicule n’est pas bien produit, la production de progestérone sera moindre même si une ovulation a eu lieu.
La piste inflammatoire
Il arrive aussi que les hormones soient tout à fait équilibrées mais qu’une inflammation importante perturbe les récepteurs de ces dites hormones et qu’elles ne puissent donc pas agir comme elles le devraient.
Ces informations peuvent sembler un peu techniques mais ce sont les causes principales qu’il est recommandé d’explorer pour prendre le sujet à bras le corps et apaiser son SPM durablement.
Conseils naturels pour apaiser le SPM
Vous l’aurez compris, le conseil clef est de revenir à la cause de la problématique afin de traiter le déséquilibre à sa source. Vous pourrez donc, avec ces quelques explications et en apprenant à observer votre cycle avec notamment des méthodes comme la symptothermie, identifier les points sur lesquels vous devez vous baser : amélioration de la digestion, diminution du stress, soutien de l’ovulation, modulation de l’inflammation etc.
N'hésitez pas à vous faire accompagner pour identifier clairement les causes qui vous concernent.
En complément, voici quelques petites pistes à explorer pour vous soulager le moment venu.
Auto-massage du ventre aux huiles essentielles
En cas de douleurs dans le bas-ventre, ballonnements, difficultés digestives, il est recommandé de pratiquer un auto-massage aux huiles essentielles de basilic a méthylchavicol et de litsée pour calmer les spasmes et décongestionner la zone.
Mélangez une goutte de chaque huile essentielle dans une cuillère à soupe d’huile végétale de ricin et massez votre ventre de manière circulaire dans le sens des aiguilles d’une montre en enveloppant bien le bas-ventre.
La solution prête à l’emploi de Bioflore : l’huile de massage bleue des Lunes, qui contient notamment de l’huile essentielle de Listée, à masser sur le bas-ventre.
Infusions de plantes
Selon vos besoins, vous pourrez vous concocter des infusions sur-mesure avec les différentes plantes proposées ci-dessous.
- Framboisier : équilibre hormonal
- Alchémille : soutien de la progestérone
- Mauve : soutien du transit
- Romarin : soutien de fonction hépatique
- Camomille : apaisante des émotions
- Gingembre : modulateur de l’inflammation et soutien de la circulation sanguine et lymphatique.
Deux cuillères à soupe de plantes par tasse sera la dose idéale, à hauteur de trois tasses par jour.
Gemmothérapie & teinture-mères
Certaines plantes seront également très utiles en parallèle des infusions selon vos besoins.
- Les bourgeons de romarin aideront au soutien de votre foie dans ses fonctions d’élimination
- Les bourgeons de framboisier agiront comme équilibrant hormonal et tonique des ovaires pour une belle ovulation
- Les bourgeons de cassis soutiendront les fonctions de drainage et auront un effet tonifiant
- Les bourgeons de tilleul seront très apaisants et favoriseront le sommeil.
- La teinture-mère d’alchémille ou de gattilier permettra de soutenir la production de progestérone sur la 2e partie du cycle.
N’hésitez pas à demander conseil pour choisir ceux qui vous conviendront le mieux et les utiliser au moment adéquat dans votre cycle menstruel.
Utilisation du chaud et du froid
Nos alliés pour de nombreux maux féminins sont là encore bien utiles : les bains dérivatifs et la bouillotte.
Vous pouvez glisser une petite poche de glace au niveau du périnée pour aider à décongestionner et désinflammer la zone, et placer en parallèle une bouillotte au niveau du foie pour le soutenir dans son travail de détoxification des hormones.
Dans l’assiette
Il sera intéressant d’ajouter à ses assiettes un maximum de fibres ainsi que des graines de lin moulues pour soutenir l’élimination des œstrogènes.
Vous veillerez également à bien vous hydrater et à limiter les aliments inflammatoires en particulier en période post-ovulatoire : café, sucre, alcool, produits laitiers, aliments raffinés.
Vous pourrez également ajouter de l’huile d’onagre, en version liquide sur vos assiettes ou en complémentation avec des gélules pour soutenir la production de progestérone.
Enfin,
pensez à vous préserver dans ces périodes-là, à alléger si vous le pouvez votre agenda, à prendre des temps pour vous détendre, marcher, faire du yoga, méditer, en un mot ménager vos émotions et votre stress.
Si vous souhaitez explorer un peu plus ce sujet, cet épisode du podcast Healthy Living pourrait vous plaire :
Marion Pezard est la créatrice du podcast Healthy Living et autrice du livre Reconnexion aux cycles féminins, paru aux éditions La Plage.
Elle est naturopathe spécialisée dans l’accompagnement des femmes et enfants.
