Cycles féminins

Cycles féminins

Le cycle menstruel fait partie intégrante de la vie des femmes. On en parle avant même qu’il ne s’installe, on l’aime, on le déteste, il nous manque s’il s’absente ; Et pour cause cette relation d’« amour-haine » est soumise à de nombreuses influences, notamment sociétales et ne nous permet pas toujours d’être en paix avec notre nature cyclique, de la comprendre et de l’accompagner pour la voir comme une force, une richesse créatrice plus que comme une plaie. C’est le programme que je vous propose aujourd’hui au travers de ces quelques lignes.

Avant de vous laisser plonger tête baissée, je tiens à vous rappeler que le corps humain est unique, qu’il n’y a pas de normes et que donc toutes les informations que vous lirez ici sont à titre indicatif mais nécessitent d’être ajustées et individualisées selon l’organisme de chacune et son mode de vie. Il y a presque autant de vérités sur le corps humain qu’il existe d’humain.e.s !

I. Génèse du cycle menstruel

Toute cette aventure du cycle menstruel commence à la puberté avec ce que l’on appelle la Ménarche, c’est à dire les premières règles. C’est le 1e des « 3M » que la femme vivra probablement dans sa vie : Ménarche, Matrescence, Ménopause.

Une fois le cycle installé, la femme en connaitra en moyenne 500 récurrences pendant la trentaine d’années qui suivra, et perdra à chaques règles environ 50mL d’endomètre soit 3 à 4 cuillères à soupe.

Mais pour permettre tout cela, l’aventure commence en réalité bien des années en amont car tout notre appareil génital de femme s’est formé au stade fœtal dans le ventre de notre mère. Même notre stock d’ovocytes (gamètes sexuelles) nous est transmis au stade fœtal, à l’inverse des hommes qui produisent et recyclent des spermatozoïdes en continu.
Comprendre ce point a une grande importance car cela signifie que nous avons été un jour, au stade d’ovocyte, dans le ventre de notre grand-mère et que son hygiène de vie à elle, ainsi que celle de notre mère, ont joué un rôle sur notre santé.

II. Anatomie et physiologie des quatre phases du cycle menstruel

Maintenant que l’on en sait un peu plus sur l’origine du cycle menstruel, il est intéressant de regarder de plus près les quatre phases qui le composent et de comprendre ce qu’il se passe à chacune d’elles.

Et afin d’y voir plus clair, il me semble important de préciser que nos corps de femmes vivent en réalité deux cycles : le cycle ovarien, avec les hormones produites par l’hypophyse à destination des ovaires (FSH, LH) et le cycle utérin qui concerne les hormones produites par les ovaires à destination de l’utérus (œstrogènes, progestérone).

Cette précision permet de comprendre que toute cette cascade hormonale part du cerveau et est donc extrêmement sensible à notre environnement de vie.

Phase folliculaire

La phase folliculaire est celle qui suit les règles, elle peut s’apparenter au renouveau de la saison printanière. 

Pendant ces quelques jours, l’hypothalamus va ordonner à l’hypophyse d’envoyer de la FSH aux ovaires afin de faire mâturer les follicules ovariens et d’encourager les ovaires à produire des œstrogènes à destination de l’utérus. Le taux d’œstrogènes va donc augmenter petit à petit tout au long de cette phase et permettre à la muqueuse utérine appelée endomètre de s’épaissir et se restaurer après l’écoulement qui a eu lieu dans la phase menstruelle précédente. 

Cette influence œstrogénique va également pouvoir se ressentir sur d’autres organes comme la peau qui va devenir plus vascularisée, lumineuse, mais aussi le col de l’utérus qui va progressivement se ramollir, remonter, s’entrouvrir et les cellules sécrétantes du col de l’utérus qui vont produire à la fin de la phase folliculaire une glaire un peu collante et blanche ou beige.

Notre énergie et nos émotions vont aussi être influencés par les taux hormonaux. On se sent en général assez sociables, tournées vers l’extérieur, pleines d’énergie voire bouillonnantes.

Phase ovulatoire

La phase ovulatoire qui suit est une phase d’expansion, qui peut être comparée à la saison estivale et son soleil brûlant.

Les œstrogènes au plus haut vont déclencher un pic de FSH qui déclenchera lui-même un pic de LH et donnera le feu vert au follicule ovarien le plus mâture pour être expulsé de l’ovaire et rattrapé par l’une des deux trompes de Fallope. C’est le grand moment de l’ovulation.

Pendant cette ovulation, une partie du follicule ovarien restera dans l’ovaire et constituera ce que l’on appelle le corps jaune qui aura pour rôle de produire de la progestérone pour la fin du cycle, ou pour les 3 premiers mois de grossesse s’il y a une fécondation à ce cycle.

La progestérone va donc augmenter doucement et prendre petit à petit le pas sur les œstrogènes pour devenir maître à bord et permettre aux cellules de l’endomètre de se spécifier, s’enrichir pour constituer un nid douillet à l’éventuel futur embryon.

En parallèle, la testostérone va légèrement augmenter, avec pour action principale de booster la libido, pile au moment où le corps est fertile. La nature a pensé à tout !

Sous l’influence de ce cocktail hormonal, la température corporelle va légèrement augmenter au moment de l’ovulation, le col de l’utérus va terminer de remonter, se ramollir et s’ouvrir pour laisser passer les spermatozoïdes, et la glaire cervicale va devenir filante et transparente pour accompagner et nourrir les spermatozoïdes dans leur croisade vers l’ovule qui vient d’être expulsé. 

Cette phase peut aussi rimer pour certaines femmes avec des congestions de la zone du petit bassin, une peau plus réactive voir acnéique, des seins gonflés, sensibles, des maux de ventre, un transit ralenti, des migraines, des bouffées de chaleur et tout cela peut indiquer une difficulté du corps à retrouver son équilibre hormonal pendant cette période de pivot. Nous en reparlerons un peu plus loin.

D’un point de vue ressenti, nous avons tendance à nous sentir plus vibrantes, sensuelles, mais aussi maternelles, à avoir besoin du contact d’autrui et d’activités en groupe.

Phase lutéale

La phase lutéale signe le retour à soi, au calme, c’est la saison intérieure de l’automne. 

La progestérone mène la danse et la production de LH et de FSH par l’hypophyse ainsi que d’œstrogènes pas les ovaires est plus faible. S’il n’y a pas eu fécondation pendant la phase précédente, alors à l’issue de cette phase lutéale le corps jaune va être réabsorbé par l’ovaire et tous les taux hormonaux chuteront pour déclencher les règles. 

Sous l’influence de la progestérone, l’endomètre continue à se spécialiser, se gorger d’éléments nutritifs et sera prêt à accueillir un embryon 7 jours après l’ovulation, c’est à dire exactement le temps qu’il lui faudrait pour voyager des trompes de Fallope, lieu de la fécondation, jusqu’à l’utérus. Encore une fois, le corps humain est magique !

À ce stade-là, le col utérin s’est refermé, durci, est redescendu et la glaire cervicale s’est asséchée pour mettre sur pause la fertilité jusqu’au cycle suivant. Les seins quant à eux sont très irrigués, les glandes mammaires sollicitées peuvent alors rendre les seins sensibles, gonflés, tendus pour certaines. 

C’est une période redoutée par de nombreuses femmes qui souffrent de ce que l’on appelle le syndrome pré-menstruel, voire d’un trouble dysphorique menstruel et qui regroupent des symptômes comme les migraines, nausées, la déprime, l’irritabilité, des douleurs dans le bas ventre, une digestion perturbée, des envies de sucre, insomnies, acné etc. Là encore, ces symptômes nous mettent sur la voie d’un probable déséquilibre hormonal.

L’énergie peut alors avoir tendance à chuter, on se sent plus en intériorité, plus sensibles et irritables, on a besoin de se recentrer sur soi, son cocon, de limiter les sollicitations sociales et prendre soin de soi. C’est aussi bien souvent un moment de très grande créativité qui peut être extrêmement florissante si on la laisse s’exprimer.

Phase menstruelle

La dernière étape de notre voyage nous mène à la phase menstruelle, qui peut faire penser à l’hibernation hivernale.

Pendant cette phase, la chute hormonale expliquée précédemment va engendrer le décollement et l’écoulement des cellules de l’endomètre, ce sont les règles. Avant de chuter, les œstrogènes connaîtront un dernier léger pic afin d’indiquer à l’hypothalamus qu’un nouveau cycle se prépare et de relancer ainsi la production de LH et de FSH.

Les crampes menstruelles peuvent faire leur entrée, en particulier au début des règles car le muscle utérin se contracte afin d’éliminer l’endomètre. Celles-ci peuvent aller jusqu’à irradier dans le bas du dos et les cuisses. Si vous souffrez de ces douleurs, je vous livre un peu plus bas ma recette d’auto-massages afin de soulager les crampes menstruelles. Je tiens néanmoins à vous rappeler que les douleurs ne sont pas normales et ont pour but d’attirer notre attention sur un dysfonctionnement alors n’hésitez pas à vous faire accompagner pour résoudre celui-ci.

La fatigue peut aussi s’inviter car la perte de fer va ralentir l’oxygénation de nos cellules et du même coup la production d’énergie. Il est donc important de prendre du temps pour soi et se ménager. C’est justement une période qui nous invite au repli, à l’isolement, à l’introspection. Notre énergie est faible mais ce calme intérieur s’il est respecté peut nous permettre de faire le point et de poser les jalons des projets, quels qu’ils soient, auxquels nous aimerions donner vie au cours du cycle suivant.

"Les femmes jouissent d’une richesse d’expériences du fait de leur nature cyclique mais évoluent dans un monde plutôt calqué sur la nature linéaire des hommes."

Il me semble donc important de respecter et d’honorer, chacune à notre échelle, ces cycles qui nous composent car c’est grâce à eux que nous, les femmes, portons la vie depuis la nuit des temps.

III. Conseils naturopathiques

Il est désormais temps de comprendre ce que l’on peut mettre en place pour vivre ces cycles de la manière la plus sereine possible. Je voudrais commencer par vous partager quelques mots sur la naturopathie, cette médecine traditionnelle occidentale holistique qui se base sur l’importance de l’équilibre du corps à tous les plans aussi bien physique, énergétique, émotionnel, mental que spirituel, et sur le principe d’auto-guérison naturelle de l’organisme.
On considère que lorsqu’il est à l’équilibre, le corps sait s’auto-réguler et s’auto-guérir naturellement, on va alors chercher en naturopathie la cause profonde des différents maux et apporter au corps ce dont il a besoin pour revenir à l’équilibre.

C’est donc de cet équilibre hormonal dont nous allons parler ici, et pour lequel je vais vous transmettre les clefs afin de permettre un socle sain qui sera utile pour soulager toutes les problématiques liées au cycle et résultant entièrement ou en partie d’un déséquilibre hormonal : les règles douloureuses, l’aménorrhée, l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, l’infertilité dite inexpliquée, etc.

Cycle menstruel et système digestif

Vous l’avez compris, notre cycle menstruel est sous l’influence de différentes hormones qui s’alternent, et lorsque celles-ci ne sont plus nécessaires et diminuent, c’est au corps et en particulier à notre système digestif de les éliminer.
Les voies d’élimination des hormones sont d’abord le foie, qui va dégrader les hormones en métabolites, puis les envoyer via la bile en direction des selles, et ensuite les intestins qui vont diriger ces déchets et selles vers le rectum pour les éliminer définitivement du corps.
Or, si le foie ne fonctionne pas de manière optimale parce qu’il est fragile ou surchargé d’autres déchets, et si les intestins ont du mal à éliminer les selles pour cause de microbiote déséquilibré ou de tendance à la constipation, alors les déchets hormonaux vont stagner en trop grand nombre dans le corps et perturber l’équilibre hormonal si précieux.

En parallèle de cela, le foie et les intestins vont avoir tendance en cas de difficultés à solliciter leur bras droit qui n’est autre que l’organe émonctoriel de la peau. C’est alors un terrain favorable à l’acné hormonale et aux troubles cutanés qui se profile.

S’il est donc un seul et unique conseil à garder en tête pour prendre soin de son cycle menstruel, c’est celui de chouchouter sa digestion avec une alimentation variée et riche en légumes crus et cuits, une hydratation suffisante, l’aide éventuelle de probiotiques pour restaurer la flore intestinale, et bien d’autres conseils encore qui se doivent d’être individualisés par un.e praticien.ne de santé naturopathe.

Cycle menstruel et stress

Le second point essentiel à comprendre lorsque l’on se met en quête de l’équilibre hormonal est l’impact énorme du stress. Et par stress, on entend évidemment le stress du travail mais aussi le fait d’être pressée en permanence, de ruminer nos pensées, de ne jamais faire de pauses, de consommer une alimentation trop riche ou industrialisée, de respirer de manière non optimale, d’avoir une glycémie instable ou encore de subir des décalages horaires fréquents par exemple.

Tous ces stress vont fonctionner comme une « alerte rouge » dans le corps, et activer son « mode survie ». Cela aura pour impact de privilégier les fonctions vitales du corps au détriment des fonctions non vitales dont la reproduction et donc le cycle menstruel font partie.

En parallèle de cela, un organisme stressé va avoir besoin d’une très grande quantité de l’hormone de réponse face au stress appelée cortisol. Cette hormone est produite naturellement dans le corps lors des moments de repos et de récupération. Or si l’on a tendance à s’en octroyer trop peu, alors le corps pour ne jamais manquer de cette hormone vitale va aller puiser dans une autre hormone non vitale à la composition proche : la progestérone. Cela favorisera un excès relatif d’œstrogènes par rapport à la progestérone et risque d’entraîner là encore un déséquilibre hormonal.

Les nutriments du cycle menstruel

Une fois votre système digestif en pleine forme, et votre niveau de stress au plus bas, certains nutriments sont importants pour la bonne santé hormonale et gynécologique. Nos modes de vie, notre alimentation, le stress, la pollution nous carencent et mènent au blocage de certaines réactions physiologique alors n’hésitez pas à mettre la main sur quelques super-aliments pour upgrader vos assiettes !

Pour ne citer que les principaux, il est important de consommer du zinc qui agit dans plus de 200 réactions dans le corps dont les hormones, la peau et l’immunité. On en trouve par exemple dans le germe de blé que l’on peut saupoudrer sur nos salades et légumes.

Les omégas 3 sont eux aussi essentiels car en plus d’avoir une action sur l’inflammation et l’hydratation de notre peau, ils permettent une bonne communication entre les cellules et font partie du matériel nécessaire pour la production de certaines de nos hormones. On en trouve dans les graines de chia, de chanvre, les petits poissons gras comme les maquereaux, sardines, mais aussi les algues et les huiles de noix, cameline, lin entre autres.

Enfin, faire le plein de vitamines et minéraux participera à la santé générale de votre organisme, et en particulier les vitamines du groupe B, la vitamine C, vitamine E et vitamine D. On en trouve dans les fruits et légumes crus, les graines germées, certaines céréales complètes et graines, et au contact du soleil (avec parcimonie bien sûr) pour la vitamine D.

Vous voilà parées de conseils pour prendre soin de vous de l’intérieur et chouchouter vos hormones !

IV. Symbolique et cycle lunaire

Je vous le disais en introduction, la naturopathie est une pratique holistique, qui prend en compte le corps sur ses différents plans aussi bien physique, énergétique, émotionnel, mental, spirituel, donc je voudrais terminer sur une ouverture plus spirituelle.

Si vous vous questionnez sur votre équilibre hormonal et vos cycles menstruels, vous avez probablement déjà entendu parler du lien qu’ont nos cycles avec la lune : sensiblement la même durée, quatre phases à la même énergie croissante puis décroissante.
À ce jour, aucune preuve scientifique n’a prouvé ce lien, mais qu’est-ce qui nous empêche d’utiliser cet astre pour ritualiser nos cycles et s’y reconnecter ?

Observez où en est la lune quand vous ovulez ou que vous avez vos règles (aussi appelées lunes d’ailleurs), profitez par exemple de la pleine lune pour faire un rituel de méditation, de la nouvelle lune pour coucher vos émotions sur le papier… Toute cette partie plus spirituelle et ésotérique participe à notre équilibre tout entier. De tous temps, tous les peuples ont eu une pratique spirituelle, religieuse ou non, que nous avons perdu aujourd’hui pour la plupart. Or cela nous mène vers la fameuse puissance du féminin sacré alors petit à petit, n’hésitez pas entrouvrir un peu le rideau de toute cette sphère-là, à vous renseigner, vous questionner et vous approprier ce qui résonne en vous.

V. Recette d’auto-massage du ventre pour calmer les crampes menstruelles

Ingrédients :

Réalisation :

  1. Faites tiédir l’équivalent de 3 cuillères à soupe d’huile végétale de ricin au bain-marie ou au chauffe biberon dans un récipient en verre.
  2. Une fois l’huile sortie du feu ou du chauffe-biberon, ajoutez-y les huiles essentielles.
  3. Versez une goutte du mélange sur le dessus de votre main ou au creux du coude afin d’en vérifier la température et de vérifier que vous ne faites pas de réaction allergique.
  4. Massez ensuite votre ventre de manière circulaire, dans le sens des aiguilles d’une montre et toujours en partant du nombril et en élargissant vers l’extérieur du ventre. Choisissez la pression de mouvement qui vous convient à ce moment précis.
  5. N’hésitez pas à appliquer le reste de votre mélange sur le sacrum et les lombaires si c’est une zone qui a tendance à être douloureuse pour vous.
  6. Vous pouvez ensuite recouvrir votre vente d’un linge ou d’une serviette éponge et y placer une bouillotte pour une quinzaine de minutes afin d’accentuer les effets.

Pour aller plus loin

Marion Pezard est la créatrice du podcast Healthy Living et autrice du livre Reconnexion aux cycles féminins, paru aux éditions La Plage.

Crédit photo Hana Lê Van

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