Avez-vous déjà remarqué comme votre peau évolue tout au long de votre cycle menstruel ? Bien souvent on observe quelques petits boutons autour des menstruations, mais si on creuse plus loin, on s’aperçoit qu’il n’y a pas que cela qui varie. Allez, on part à la découverte des variations hormonales de votre peau ensemble ?
Un article de Marion Pezard, naturopathe et productrice du Podcast Healthyliving
Préambule : le rôle des hormones
Avant toute chose, il est important d’avoir en tête que nos hormones gonadiques (œstrogènes, progestérone, testostérone) n’ont pas pour seule utilité le déroulement de notre cycle menstruel et notre fertilité. Ces hormones ont des récepteurs dans bien d’autres tissus cible que sont par exemple la peau, les seins, le cerveau et protègent notre corps sur bien des aspects.
La peau pendant la phase menstruelle
Au tout début du cycle se trouve la phase menstruelle, moment de renouveau pendant lequel les œstrogènes et la progestérone chutent en absence d’un embryon logé dans l’utérus, faisant ainsi couler l’endomètre qui est la muqueuse qui recouvre l’utérus pour en faire un nid douillet, au cas justement où un embryon voudrait s’y loger. Même si chaque femme a le droit à disposer ou non de son corps et décider ou non d’avoir des enfants, notre corps, lui, est programmé sur l’option « reproduction de l’espèce » et met tout en œuvre chaque mois dans cet objectif, c’est ainsi.
Au niveau de notre peau, plusieurs choses peuvent se passer pendant nos menstruations.
Tout d’abord, la chute hormonale peut rendre la peau plus sèche, sensible, fragile.
En parallèle de cela, lorsque les œstrogènes et la progestérone chutent, il reste de la testostérone qui est quant à elle à peu près stable et sera donc plutôt haute relativement aux autres hormones qui ont chuté. Cela peut alors causer un excès de sébum et des imperfections.
Que faire en phase menstruelle ?
C’est le moment idéal pour vous accorder du temps rien qu’à vous, dans votre cocon et offrir à votre peau un petit masque adapté à votre besoin : soit hydratant avec des huiles végétales que vous ferez bien pénétrer en les massant sur votre peau, soit purifiant avec par exemple de l’argile verte, du charbon noir et quelques gouttes d’huile essentielle de Tea tree.
C’est également le bon moment pour vous nourrir de choses chaudes et réconfortantes alors pourquoi ne pas ajouter à votre alimentation du bouillon d’os bourré de collagène qui servira aussi bien à votre peau qu’à votre utérus pour se reconstituer.
Phase folliculaire, quel impact sur la peau ?
Une fois que les écoulements se terminent, on entre dans la phase dite folliculaire pendant laquelle le cerveau va stimuler les ovaires afin de faire maturer les follicules qui produiront eux-mêmes de plus en plus d’œstrogènes au fil de leur croissance. Ces œstrogènes vont être captés par différents tissus cibles dont l’utérus qui reconstruira son endomètre sous leur influence.
Les œstrogènes sont de vrais alliés pour notre peau car ils favorisent la production de collagène et d’acide hyaluronique qui retient l’hydratation. On a donc en général à cette période une peau bien vascularisée, repulpée et un joli teint lumineux, c’est le meilleur moment !
Que faire en phase folliculaire ?
Commencer par apprécier et admirer notre peau, cela fait du bien au moral. Profitez également de cette période pour bien vous hydrater et enrichir votre alimentation de fruits et légumes frais colorés qui apporteront plein de vitamines, minéraux et anti-oxydants à votre peau.
Phase ovulatoire, ses effets sur la peau
La phase ovulatoire est un vrai moment charnière de « switch hormonal » qui peut avoir un impact sur différents systèmes de notre corps et en particulier le système digestif et le système cutané.
Les œstrogènes atteignent leur plus haut niveau, déclenchant ainsi un pic de LH au niveau du cerveau, qui déclenchera lui-même l’expulsion d’un ovocyte mature : c’est l’ovulation.
Une fois l’ovocyte expulsé, son enveloppe appelé follicule et resté dans l’ovaire va se transformer en ce qu’on appelle le corps jaune, qui a pour rôle de commencer à produire de la progestérone pour spécialiser les cellules de l’endomètre et leur permettre de bénéficier de tous les nutriments et vaisseaux sanguins pour accueillir un futur embryon.
C’est cette bascule de la dominance des œstrogènes à celle de la progestérone qui peut causer des difficultés car le système digestif devra éliminer les œstrogènes qui ne sont plus usuels via la bille et les selles, et ce travail se fait en parallèle de l’arrivée de la progestérone qui a un effet ralentisseur sur l’organisme et donc aussi sur notre transit. Vous l’aurez compris, si le système digestif est au ralenti, alors il enverra des déchets à son bras droit : la peau.
C’est donc un moment où la peau peut être un peu plus grasse, comporter plus d’imperfections et demander un soin tout particulier.
Que faire en phase ovulatoire ?
Le mot d’ordre ici est l’élimination, on va donc la soutenir par tous les moyens. Au programme : une bonne hydratation, plein de légumes cuits dans l’alimentation pour favoriser le transit, du mouvement pour soutenir le péristaltisme intestinal et des plantes pour aider le foie et le transit dans leur mission : citron, romarin, mauve, ou encore artichaut et fumeterre au besoin.
En local, n’hésitez pas à ajouter un hydrolat par exemple de laurier à votre routine ainsi que deux petites gouttes d’huile essentielle de Tea tree dans votre huile végétale nourrissante, et à faire quelques masques à l’argile verte.
Phase lutéale
Dernière étape de notre tour du cycle, et pas des moindres : la phase lutéale.
C’est un moment dominé par la progestérone, hormone ralentissante et anti-dépressive. Elle sera en place le temps que le corps s’assure de savoir si un embryon s’est logé ou non dans notre utérus. Si c’est le cas, elle sera maintenue pendant la grossesse grâce au corps jaune puis au placenta, et dans le cas contraire, elle chutera progressivement pour déclencher les règles.
La progestérone est une hormone à double-tranchant pour notre peau. On l’apprécie pour son côté lissant car elle resserre les pores et affine le grain de peau, mais s’il y a à ce même moment un excès de sébum alors il risque de se retrouver piégé par le resserrement des pores et causer des imperfections.
Ce 2e cas de figure est particulièrement exacerbé juste avant les règles, au moment où, nous l’avons vu, la testostérone est un peu haute et peut donc favoriser la sécrétion de sébum.
Que faire en phase lutéale ?
Aidez votre peau à transpirer, par le sport, le sauna, le hammam, les bains chauds ou bains de vapeur pour le visage (au-dessus d’une casserole frémissante par exemple, sauf si vous avez des rougeurs et de la couperose).
En parallèle, continuez à bien soutenir l’élimination des déchets en continuant à appliquer les conseils proposés en phase ovulatoire.
Le mot de la naturopathe
Voilà pour le tour du propriétaire de votre peau au fil de votre cycle menstruel. Cela vous permettra je l’espère de comprendre comment le soutenir selon les problématiques que vous pourriez rencontrer et d’appréhender aussi la période de chute hormonale qui peut débuter dès le milieu de la trentaine et donc impacter votre peau. Plus vous savez identifier ces changements et les raisons sous-jacentes, plus vous serez en mesure de lui apporter ce dont elle a besoin.
Et comme toujours, ces indications représentent la théorie et si votre peau ne suit pas tout à fait ces étapes, pas de panique chaque corps est différent alors n’y voyez aucune injonction.