Accompagner la puberté naturellement

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    Vous souvenez-vous du vécu de vos premières règles ? De la manière dont elles ont été accueillies par votre entourage, dont vous vous êtes sentie ?

    C’est un sujet qui a été soulevé par l’association règles élémentaires qui a mené une étude* démontrant que 31% des jeunes filles ont ressenti de l’angoisse lors de leurs premières règles, la même proportion a ressenti de la surprise et 25% d’entre elles ont ressenti de la peur.
    En parallèle de cela, une jeune fille sur trois a déjà été victime de brimades ou de moqueries à l’école concernant ses règles. 

    Il me semble que ces chiffres confirment le ressenti de nombreuses femmes mais aussi d’hommes, de parents face aux failles qui persistent dans l’éducation des jeunes filles à la physiologie de leur corps et aux menstruations. Ils dénotent d’un malaise général sur ces sujets pourtant tellement essentiels et sains.

    Je vous propose donc de lever le tabou sur cette période de vie en découvrant quelques idées pour accompagner naturellement les jeunes filles dans cette étape de leur vie.

    Un article de Marion Pezard, naturopathe et productrice du Podcast Healthyliving

    Un petit point d’anatomie

    Sans entrer dans trop de technicité, il me semble essentiel de comprendre ce qu’il se passe dans le corps d’une jeune fille à la puberté pour pouvoir lui expliquer et l’accompagner sereinement.

    La ménarche, qui désigne les premières règles, est la 1e des trois grandes étapes de la vie d’une femme : Ménarche, Matrescence (le fait de devenir mère si on le souhaite), Ménopause.
    Cette étape de vie se déclenche par tout un ballet hormonal dont la 1e note est donnée par deux éléments conjoints : la maturation suffisante du cortex cérébral, et un indice de masse corporelle (IMC) suffisant estimé autour de 17%.
    Ensuite, l’hypothalamus dans le cerveau va engendrer toute une cascade hormonale pour mettre en route les organes reproducteurs de la jeune fille et faire maturer ses ovocytes qui sont présents dans le creux de son ventre depuis le 2e mois de sa vie embryonnaire. Cela veut donc dire, aussi dingue que cela puisse paraître, que nos petits enfants ont été un jour (au stade d’ovocyte) dans notre propre ventre si l’on a porté une fille.

    L’âge moyen des premières règles se situe entre 11 et 14 ans, et il est tout à fait normal que les cycles soient irréguliers les premiers mois voire années. N’hésitez pas à proposer de noter les dates des règles pour garder un œil sur leur rythme et observer leur régularité.
    Nous aurons environ 350 cycles au cours de notre vie. Une raison de plus pour les vivre de manière positive !

    L’alimentation

    Les apports en nutriments pendant la période de la puberté sont très exigeants car ils doivent permettre au corps d’effectuer tous les changements et la croissance propres à cette période. Alors même s’il n’est pas toujours simple d’encadrer les repas d’un.e adolescent.e, voici quelques recommandations pour faire en sorte qu’au moins les repas pris à la maison soient les plus soutenants et équilibrés possible.

    Proposez des assiettes riches en couleurs et qui contiennent des crudités pour bénéficier des apports variés en vitamines notamment celles du groupe B, en minéraux, et en antioxydants.
    L’idée d’un bol à composer me semble assez idéale avec une base de céréales complètes ou semi-complètes et sur le dessus une protéine, des légumes crus, des légumes cuits, des herbes fraîches, un assaisonnement savoureux.

    Le magnésium sera nécessaire pour l’équilibre nerveux, lutter contre la fatigue et stabiliser les émotions en roue libre. On en trouve notamment dans les oléagineux et la banane qui peuvent facilement être intégrés au goûter ou en purée au petit-déjeuner.

    Le zinc sera lui aussi essentiel à la fois pour l’équilibre hormonal mais aussi pour l’état de la peau. On le retrouve par exemple dans les fruits de mer, le jaune d’œuf, le germe de blé, les graines de chanvre ou de courge.

    Il sera intéressant de voir avec votre médecin s’il vaut le coup de vérifier les éventuelles carences en fer (une jeune fille de 12 ans a un besoin supérieur aux adultes de 25%), vitamine D, vitamine B12, zinc, magnésium.

    Enfin, ne lésinons pas sur les bons gras pour les adolescent.e.s car pour rappel les hormones sont produites à partir du cholestérol et il serait donc dommage d’en manquer. On privilégiera les oméga 3 que l’on trouve sous leur forme la plus stable dans les petits poissons gras (maquereaux, sardines), le foie de morue, le saumon et en version végétale dans les graines de lin, les noix, les graines de chia.

    Les plantes

    Selon les besoins de la jeune fille, plusieurs plantes lui seront très utiles.
    En infusion, on pense de prime abord au framboisier qui aidera à régulariser les cycles et apaiser les douleurs menstruelles.

    Nous pouvons également proposer des infusions apaisantes comme la camomille, la mélisse, ou d’autres plantes permettant de soutenir la digestion comme la mauve qui adoucit le transit, le romarin ou le citron qui soutiennent le foie avec beaucoup de douceur.

    Pour la peau qui comporte parfois des imperfections à cet âge, les infusions de pensée sauvage seront utiles, particulièrement couplées à des plantes soutenant la digestion comme évoqué précédemment.

    Et enfin, pour une jeune fille dont les cycles tarderaient, pourquoi ne pas les soutenir avec des plantes emménagogues comme la carotte sauvage ou la sauge officinale.

    On recommandera 15g de plantes par litre d’eau, et la possibilité de faire ces infusions chaudes ou fraîches, avec un peu de miel si cela passe mieux ainsi.

    Les bourgeons seront eux aussi très utiles, par exemple les bourgeons de tilleul pour les jeunes qui souffriraient d’anxiété et auraient du mal à s’endormir, les bourgeons d’aulne ou la teinture-mère de ginko biloba pour favoriser la mémorisation et le soutien cérébral, les bourgeons de bouleau peuvent aussi aider pour soutenir la croissance, les fonctions d’élimination et en particulier apaiser l’inflammation cutanée.

    La gestion des émotions

    Après la 1e année de vie, l’adolescence est la période la plus exigeante pour le corps humain, en termes d’énergie mais aussi de changements et d’apprentissage. Notre société en demande beaucoup à nos jeunes en plus d’apprivoiser ce corps qui change et l’impact des hormones sur celui-ci.
    Si nous pouvons leur apporter un nid doux et réconfortant (même lorsqu’ils nous rejettent) pour leur permettre de déposer leur bagage, décharger et se constituer un socle sécurisant, c’est probablement le plus beau cadeau que nous puissions leur faire. 

    Et s’ils ont besoin d’une aide supplémentaire, on pourra leur proposer par exemple les fleurs de Bach : crab apple pour une jeune fille qui aurait un sentiment de rejet ou de dégoût face à son corps changeant, walnut pour favoriser les périodes de transition et l’adaptabilité, mimulus pour apaiser les angoisses et tracas ou encore le mélange rescue que l’on trouve aisément en pharmacie, pour les accompagner face à un stress momentané comme un examen ou un choc émotionnel.
    La dose recommandée est de 4 gouttes, 3 à 4 fois par jour. On peut aussi en placer une dizaine de gouttes dans l’eau du bain.

    La peau des adolescent.e.s

    Nous connaissons bien les troubles cutanés dont souffrent certain.e.s adolescent.e.s et qui sont bien souvent liés aux changements internes du corps, à la mise en place des hormones et au système digestif qui peut être surchargé par sa mission d’élimination des hormones ou aussi par les bêtises grignotées à l’heure de la récréation.

    Évidemment, on cherchera dans un premier lieu à équilibrer l’alimentation comme expliqué plus haut, et soutenir la digestion avec les plantes recommandées. 

    Pour adapter la routine de soin du visage à cette période de vie, il sera d’abord primordial de pratiquer un double nettoyage à l’aide d’une huile pour démaquiller si besoin et enlever une partie des impuretés comme par exemple l’huile démaquillante douceur qui contient un mélange d’huiles végétales et d’huiles essentielles adaptées et dont l’utilisation et la sensorialité sont très agréables. On procèdera ensuite à un 2e nettoyage à l’aide d’un savon saponifié à froid dont le pH est très proche de celui de la peau pour ne pas la perturber.

    Ensuite, il peut être intéressant d’intégrer un sérum plutôt aqueux avant le soin nourrissant, par exemple un mélange de gel d’aloé vera pour maintenir l’hydratation, d’hydrolat de rose pour son côté apaisant et une goutte ou deux d’huile essentielle de tea tree pour son effet purifiant. Vous pouvez aussi opter pour le sérum anti-imperfections qui contient entre autres du zinc, de l’hydrolat de romarin, de l’acide hyaluronique et de l’extrait d’épilobe de Fleischer qui est une alternative végétale, éthique et bio aux niacinamides !

    On appliquera ensuite une crème légère, couplée idéalement à quelques gouttes d’une huile non comédogène comme celle de jojoba. Par exemple, le duo crème neutre douceur et équilibre avec le fluide peau nette qui contient un cocktail d’huiles essentielles bienfaisantes est tout à fait adapté aux besoins de la peau des adolescent.e.s.
    Et si la peau est particulièrement grasse, alors on se contentera le soir du sérum aqueux afin de laisser la production de sébum s’auto-réguler durant la nuit.

    Enfin, je recommande d’appliquer un masque de manière hebdomadaire et selon les besoins de la peau. Pour gommer, les petits grains sont à bannir et à remplacer plutôt par des acides de fruits, et pour réguler la peau, les masques à l’argile sont toujours de bons alliés avec par exemple une cuillère à café de charbon végétal et deux gouttes d’huile essentielle de tea tree. Mon chouchou : le masque visage purifiant qui, en plus de contenir de l’argile, est également composé de rhassoul, de poudre de romarin et de poudre de bardane. De quoi assainir, désincruster, réguler la peau en un geste simple.

    Les protections périodiques

    Je terminerai ces petits conseils en appuyant sur l’importance de choisir des protections périodiques adaptées à la jeune fille en question, à son rapport à son corps, mais surtout de les choisir non toxiques. Orientez-vous à minima vers des serviettes hygiéniques ou tampons biologiques dans un premier temps et, si le budget vous le permet, n’hésitez pas à proposer des culottes menstruelles qui sont ce que l’on trouve de plus sain et écologique à l’heure actuelle.

    J’espère de tout cœur que ces quelques conseils sauront vous aider en tant qu’adulte à accompagner les jeunes filles de votre entourage, et aideront aussi les générations futures à ne plus jamais avoir honte de leur corps, ni rougir de leurs variations cycliques. Rappelons-nous que sans cycle menstruel, aucun.e de nous ne pourrait être sur terre aujourd’hui !

    Si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à découvrir mon ebook "Healthy Puberté".

    *https://educationmenstruelle.regleselementaires.com

    Marion Pezard est la créatrice du podcast Healthy Living et autrice du livre Reconnexion aux cycles féminins, paru aux éditions La Plage.

    Crédit photo Hana Lê Van

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